Des bouts de moi à la télé…
Pour continuer dans les vieilles anecdotes…oui car je veux bien vous raconter le contenu de mes journées actuelles mais si vous ne vous intéressez pas aux stratégies compensatoires de communication courante en milieu exolingue…vous risquez de vous ennuyer.
Donc, je tiens à préciser que tout ce qui suit est, comme toujours, authentique.
L’histoire se passe durant l’été 1999. Je travaillais comme hôtesse d’accueil-standardiste dans une société d’assurance et épargne-retraite pour me faire un peu d’argent. L’activité n’était pas franchement débordante à cette période. Le téléphone sonnait peu et j’en profitais pour lire quelques bouquins utiles à la maîtrise de littérature britannique que j’allais commencer à la rentrée. De temps en temps, le téléphone sonnait et je prenais une voix super sexy pour répondre ce qui perturbait totalement les petits vieux qui appelaient pour avoir des informations sur leur retraite. Ca me faisait rigoler, les vieux aussi, les collègues étaient médusés…bref, rien de follement excitant…
Un jour, je reçois un coup de fil de mon agence d’hôtesses qui voulait de proposer une autre mission d’une demi-journée en parallèle. La fille de l’agence commence par me demander si ça me plairait de passer sur un plateau télé. Là, je me dis que cette proposition est carrément géniale ! Je me vois déjà faire la pouffe dans l’émission « La Fureur » d’Arthur sur TF1. Oui, car dans ce genre d’émission, il y a toujours des filles super maquillées et en décolleté au premier rang dans le public. Je m’imagine forcément dans ce genre de rôle, un truc qui demande assez peu de réflexion et pour lequel la seule compétence requise est de savoir agiter ses seins en riant à pleine gorge à chaque blague vaseuse d’Arthur. Facile.
La fille de l’agence avait l’air hyper contente et soulagée que j’accepte cette mission…j’avais la vague impression qu’elle avait essuyé plusieurs refus avant de m’appeler…
Je vous livre donc la suite de l’entretien téléphonique entre l’agence d’hôtesses (A) et moi (M).
A : euh, Marion, pour ce plateau-télé, je voulais te
demander un truc, est-ce que les poils de tes jambes se voient ?
M : ??? Ben, euh, t’inquiète pas, je vais m’épiler
ce jour-là ! On les verra pas !
A : Non, non, il ne faut pas que tu t’épiles ! Il
faut justement que l’on voie tes poils.
M : ????? mais, euh, c’est quoi comme émission, au
fait ?
A : Ah, je ne te l’ai pas encore dit ?
M : Non (ça sent l’arnaque)
A : Tu connais M6 boutique ?
M : Le télé-achat ?
A : Oui, ils ont besoin de quelqu’un à la fin de l’été
pour présenter un appareil d’épilation. Il faut donc une fille qui puisse faire
la démonstration à la télé et pour ça on doit voir ses poils.
M : …ah…
A : Tu es toujours d’accord ?
M : …euh…oui…
A : Ok, super, je t’envoie le contrat.
Je raccroche. Je réfléchis quelques minutes au fait que la France entière va voir mes poils à la télé. Après tout, il y a des filles qui sont mannequin-mains, mannequin-pieds ou mannequin-fesses…pourquoi ne serais-je pas mannequin-poils ?
J’en parle avec mes collègues de la société d’assurance. Ils hallucinent. Ils me demandent si je vais vraiment le faire. Plus j’y pense et plus l’idée me plait, en fait. J’adore faire des trucs un peu débiles comme ça et ne pas me prendre au sérieux. Oui, c’est sûr, je vais le faire et je pense que je vais même bien me marrer. Et si un jour, pour une raison ou pour une autre, j’ai la grosse tête, j’espère que quelqu’un me rappellera que j’ai sur mon CV : « Mannequin-poils au télé-achat ». D’ailleurs, ma chère sœur me l’a ressorti pendant des années à chaque fois que je disais ou faisais quelque chose, elle disait sur un ton très mesquin « Ouais, enfin, t’as quand même montré tes poils à la télé ! »…pas de problème, je vis très bien avec ça…