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16 décembre 2005

Les prototypes de l'étudiant

Je me suis dit que j'allais profiter de cette dernière journée de cours du semestre (et même de l'année en ce qui me concerne) pour vous parler des prototypes de l'étudiant que j'ai eu le loisir d'observer ces dernières années. Bien sûr, ces prototypes concernent les étudiants universitaires français mais certaines remarques sont transférables à d'autres cultures ou d'autres lieux d'enseignement (collège, lycée, formation continue etc.)    (Ouh là! voilà que je parle comme dans ma thèse...conditionnement quand tu nous tient!)

Celui qui s'en fout
Celui-là est le plus facile à repérer, il arrive systématiquement 15 minutes en retard (quand il vient), ne s'excuse pas et passe le cours à faire la gueule et à soupirer quand on l'interroge.

Celui qui raconte sa vie
Il y en a toujours un (et c'est souvent une) par classe. On le/la repère dès le premier cours car il/elle (bon je vais dire "elle" car je n'ai que des exemples de femmes en tête), donc, elle trouve le moyen de vous raconter sa vie dès la fin de la première séance. J'ai souvent eu le cas de femmes un peu plus (voire beaucoup plus) âgées que la moyenne des étudiants et qui, un peu mal à l'aise, viennent se justifier dans la reprise tardive de leurs études (j'ai travaillé 10 ans à tel endroit, j'ai eu 3 enfants etc.) et prévenir certaines absences futures (j'ai 3 enfants que j'élève seule ou j'ai 3 enfants mais mon mari travaille beaucoup et je les élève seule ou j'ai 3 enfants dont un souvent malade ou j'ai 3 enfants tout court, parfois une combinaison de plusieurs de ces propositions). Attention, loin de moi l'idée de critiquer ces mères de famille qui reprennent leurs études, au contraire, je trouve cela très courageux et plusieurs réussissent. Seulement, celles qui viennent raconter leur vie sont, en général, celles qui cherchent des excuses et qui vont galérer dans le cours. Elles manquent aussi souvent de tact. Ainsi, cette année en septembre, 5 minutes avant l'examen, l'une d'entre elles est venue me montrer toutes ses photos de vacances (!), je lui ai dit "Euh, c'est peut être pas tellement le moment, là, non?"

Celui qui stresse
Celui ou celle qui stresse est celui qui va vous poser 15 fois la même question sur l'examen ou le devoir à rendre. C'est également celui qui, pendant l'examen, vous appelle plusieurs fois pour une question sur le sujet pour être bien sûr qu'il a bien compris!

Celui qui fayotte
Etrangement, je n'ai pas vraiment connu les cas de vrai fayots dans le but d'avoir de bonnes notes mais plutôt des étudiants qui étaient vraiment intéressés par le cours. En général, ils viennent à la fin du cours (quand celle qui raconte sa vie est partie) pour vous poser des questions dans tous les sens sur des trucs qui ne sont pas toujours de votre spécialité. Cette année, j'ai eu un cas remarquable (excellent étudiant par ailleurs) d'un étudiant qui avait lu toute la bibliographie que j'avais donnée à titre indicatif. Bon, normalement, je donne une biblio en début d'année, rares sont les étudiants qui consultent au moins un de ces bouquins. D'ailleurs, je dois avouer bien modestement que je ne les ai même pas tous lus en entier, les ouvrages que je recommande. Donc, cet étudiant, chaque semaine, venait me voir à la fin du cours, genre:
Etudiant: Mme XXXX, je viens de lire le livre de XXXX que vous aviez recommandé et j'ai une question à vous poser.
Moi: (en aparté) Aïe!
Etudiant: Oui, à la page 156, l'auteur parle de bla bla bla, qu'est-ce qu'il veut dire?
Moi (en aparté) Ah! Ce livre était trop chiant, j'ai pas dépassé la page 23.
Etudiant: Parce que j'ai trouvé ce livre vraiment fascinant mais je voulais savoir si vous étiez d'accord avec l'auteur?
Moi: Oui, ben, euh...Pffff, je l'ai lu il y a longtemps celui-là...je ne m'en souviens plus très bien, vous savez, j'en lis tellement...vous pouvez pas me résumer un peu le contenu pour me le remettre en mémoire?

Celui qui n'existe pas
Il y en a toujours un qui est sur votre liste, qui a parfois fait une apparition au premier cours mais qui est passé dans la 4e dimension entre temps et n'en est jamais revenu. Vous connaissez son nom mais pas son visage, à l'administration, on vous en parle mais sans savoir qui c'est, bref il devient peu à peu une légende, tout le monde parle de lui mais personne ne l'a jamais vu.

Celui qui se cache
Derrière les autres, il est discret et ne parle jamais.

Celui qui ramène tout à lui

Il y en a toujours un pour vous sortir un contre exemple se rapportant à son cas personnel. Par exemple, il y a 4 ans, j'avais un étudiant handicapé: il était quasiment aveugle. Il était carrément insupportable et ramenait toujours tout à lui. Un jour, j'explique aux étudiants, futurs enseignants de langue, que c'est important de faire des gestes pour aider les apprenants de langue étrangère à mieux comprendre. Cet étudiant intervient et dit "Oui mais si tous nos élèves sont tous aveugles, hein? Ca sert à rien de faire des gestes?"
No Comment.

Celui qui fait tout simplement chier
Plus discret en licence, sa personnalité se développe arrivé en maîtrise. Son but: vous déstabiliser, vous mettre mal à l'aise, en gros vous faire chier. Pas nécessairement parce qu'il ne vous aime pas mais parce que ça lui plait et que c'est sa nature profonde. L'année dernière, je faisais un cours nouveau dans lequel je n'étais pas très à l'aise (je ne pense pas que ça se voyait, mais je le sentais). Il y a avait une étudiante qui m'interrompait toutes les 5 minutes pour me poser une question sur ce que, en général, je m'apprêtais à dire. Mais j'avoue que, plusieurs fois, elle m'a coincée sur des trucs que je ne savais pas et ça m'énervait. Mais ce qui est finalement curieux, c'est qu'après le dernier cours elle est venue me dire "J'ai trouvé votre cours super bien et très structuré".      ????

Voilà, bon, il y a aussi le macho, la bimbo, le/la déconnecté(e)...mais je n'en finirais plus! Demain, je vous fais les prototypes de l'étudiant pendant un examen. C'est pas triste non plus et j'ai eu de bons exemples ce matin!

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Commentaires
N
Pourquoi ai-je la description la plus courte ?<br /> Eh oui vous avez bien deviné: je suis celle qui se cache ! ( et je n'en suis pas vraiment fière )
C
Pour ma part, je faisais partie d'une nouvelle variété d'étudiant, mélange de celui qui se cache (dans l'objectif de ne pas participer) et de celui qui fayotte.<br /> <br /> Bon il s'agit d'une petite technique enseignée par une de mes aînées à la fac et qui marchait relativement bien (en tout cas en droit) : se placer au 1er rang et intervenir en tout début de cours au moins à deux reprises (en général, les premiers commentaires d'arrêt sont assez simples). Le prof estime que j'ai rempli mon quota de participation et ne m'embête plus jusqu'à la fin du cours.<br /> <br /> Pour être tranquille, ça marche mieux que de se planquer au fond !!! et finalement, on devient un planqué à la vue de tous ! (sans compter que la note de participation à l'oral est meilleure sans s'être réellement foulée !)<br /> <br /> Pour peaufiner, trouver n'importe quel sujet de discussion en relation avec le cours pour aller discuter avec le prof à la fin de l'heure.
R
Je parle au nom de tous les étudiants "qui s'en foutent" et "qui n'existent pas" pour dire que je suis désolé mais je suis tombé en panne de voiture ce matin, puis que sur la route, mon chien est mort et ma grand-mère est tombée gravement malade etc etc...
A
Mais ceux-là, on les trouve au lycée et ils arrivent rarement jusqu'à la fac!
M
Il te manque quelques prototypes que j'ai en stock : celui qui est grossier et/ou violent - celui qui ne peut pas rester assis plus d'une minute - celui qui bavarde en permanence / celui qui est travaillé par ses hormones... Pour ma part, il me manque celui qui se cache et celui qui fayotte (tant mieux)
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