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23 septembre 2005

Le regard de ces hommes-là

Une chose que je déteste: être la proie du regard vicieux de certains hommes. Je suis là sur le quai de la gare à attendre le train ou en train de marcher dans la rue et je croise le regard pervers et insistant d'un mec. Je hais ça vraiment. Ce n'est pas juste le regard c'est ce qui peut suivre. Souvent, d'accord, c'est juste un gars qui mate et ça s'arrête là. Mais parfois, l'homme s'approche et parle. Il y a 2 cas de figure: celui qui vient nous aborder et nous tenir la jambe, qu'on envoie balader mais qui s'accroche comme une sangsue. Et, l'autre, celui qui ne s'adresse pas vraiment à nous, qui passe près de nous et juge: "ouais, elle est bonne celle-là" pour lui même à haute voix ou pour une personne qui l'accompagne. Je ne sais pas lequel est le pire. Celui qui nous parle sans nous respecter ou celui qui nous juge comme une vulgaire marchandise. C'est à la fois humiliant, dégradant et exaspérant.

Alors on développe des techniques, on apprend à les repérer, à les éviter. A s'asseoir dans le train à un endroit où il y a déjà beaucoup de monde pour ne pas qu'il y ait de place libre à côté de nous, à rembarrer ceux qui se montrent trop insistants, à semer ceux qui nous suivent jusque chez nous.
D'aucun penseront qu'être ainsi regardée et abordée est flatteur et que je suis ingrate de m'emporter ainsi sur le sujet. Mais c'est faux car il ne s'agit pas d'une drague classique encore moins séductrice. Ce n'est pas un compliment. Je le vis comme un droit que s'accordent certains hommes à nous dominer de regard, à nous juger sur notre apparence sans nous connaître car ce que l'on est vraiment, la personalité que l'on s'est forgée ne les intéressent pas. Ce qu'ils voient c'est l'enveloppe charnelle, l'aspect extérieur.

Je me demande souvent si cette pratique est propre à certains pays, à certaines cultures. De mon expérience, en Angleterre et au Québec, je n'ai jamais ressenti ça. Les rares hommes qui m'ont abordée en Angleterre ne trouvaient rien de plus original que de me demander l'heure alors qu'ils avaient un montre au poignet. C'en était même touchant. Ainsi, me promener dans ces pays-là, dans d'autres aussi, m'emplit toujours d'un sentiment de bien-être et de liberté.

Je me demande d'où vient cette attitude irrespectueuse de certains hommes (et je dis bien certains) envers les femmes. Des sociétés patriarcales? J'ai lu tout à l'heure un article sur une société matriarcale des îles Bissagos, sur la côte ouest africaine. Dans cette tribu, les femmes choisissent leur mari et peuvent le quitter lorsqu'elles l'ont assez vu tout en gardant la maison, les enfants et les biens. Un homme disait en parlant de sa femme: "Elle sait les choses de la vie, elle me donne des conseils, grâce à elle je mange toujours à ma faim. Je travaille tout le temps pour l'aider. Je suis un homme heureux". Un autre homme dit "C'est la femme qui est la plus forte et la plus intelligente, et même si, nous, nous aimerions commander et organiser, nous ne nous sentons pas capables d'être les 'chefs de famille'". Tandis qu'ailleurs dans le monde, dans d'autres pays, d'autres cultures, des femmes sont soumises à la volonté et l'autorité du père, du mari, du frère, du fils selon les cas. En tous cas de l'homme. Entre ces deux extrêmes, comment trouver l'équilibre afin que chacun respecte l'autre pour ce qu'il est sans chercher à le mépriser, à le dominer?

ludivine1





"Ludivine" (cric. 1930) D'Edwin Holgate.
Cette jeune fille venait de perdre sa mère au moment où son portait a été fait. On peut lire dans son regard le tristesse mais aussi l'inquiétude et le désaroi car elle va devenir mère à son tour, en ayant à charge ses plus jeunes frères et soeurs.


L'article "L'île où règnent les femmes" se trouve dans le Courrier International de la semaine du 22 au 28 sept. 2005. pp 58-59

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N
J'ai passé une année en Norvège. Je ne me suis fait aborder qu'une fois, à Oslo, et ce n'était pas un Norvégien. L'abordage était correct, bien que non désiré.<br /> Le retour à Paris a été atroce ! Je n'avais plus l'habitude de regarder mes pieds, pour ne pas croiser par hasard le regard des hommes. Je ne compte plus le nombre de mains aux fesses, aux seins, frottements et diverses remarques plus que désobligeantes voire pornographiques que m'a valu cet oubli.<br /> En Norvège, je me sentais libre de poser mon regard où je le voulais. <br /> Une grande discussion entre filles, où nous avons énuméré nos diverses expériences malencontreuses, nous a fait conclure que c'était moins la France qui était en cause que Paris ... et notre jeunesse. Celles qui ont passé leurs années lycée en province ont été miraculeusement épargnées. A Paris, le pic semble atteint entre 14 et 22 ans et ensuite les mauvaises rencontres vont en décroissant.<br /> Autre phénomène étrange. A partir du moment où l'une d'entre nous a commencé à réagir ouvertement ("Monsieur, que fait votre main sur mes fesses ?" prononcé à haute et intelligible voix dans le métro), plutôt que de rester tétanisée par le choc, on dirait que les tordus se passent le mot : le phénomène tend à diparaître.<br /> Alors mesdemoiselles, à vos micros. Je suis fière d'être l'auteure de : "Monsieur, je n'ai pas envie de voir votre sexe !" à vous la parole!
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